Violette
Une feuille longue de bronze patinée
Ou bien le reste d’un oiseau de passage,
Elle rappelle le poids et la langue des sages,
A ma droite, plate, sur mon bureau posée.
Si au bout on avait une tête aiguisée
Ce bel objet immobile et sans âge
Pourrait à nul doute avec apanage
D’une touche d’encre refaire l’alphabet
Glisser sur le papier, désinvolte frivole.
Mais la pointe arrondie empêche l’envol
Et le symbole reste entier – une invitation
A penser sans rature, à s’ouvrir aux mots.
Ceci prétendait n’être qu’un simple cadeau ;
Quand j’y vois toute une source d’inspiration.
https://surunlivreperchee.wordpress.com/2017/02/16/violette/
Festival de la Francophonie – Salon du livre et poésie
- Hervé de la Vauvre, vous êtes le président d’administration de l’Alliance Française à Chicago mais aussi et surtout le président et CEO de Griffith laboratories, ainsi que de nombreuses autres organisations axées sur le commerce. Vous êtes ancré dans le monde des affaires mais aussi dans celui des lettres et c’est à ce titre que nous sommes ici aujourd’hui car nous parlerons poésie.
Vous avez publié deux recueils de poésie : « Deux Regards » et « L’Absurde, l’Amour et la Raison » sur lequel nous axerons notre entretien. Mais je vous laisse vous présenter et nous en dire plus sur votre parcours et votre biographie.
Permettez moi tout d’abord de rectifier un point, je suis ex-CEO et ex-président mondial de Griffith Foods (la société a changé de nom). En effet je ne le suis plus en titre depuis octobre 2016 puisque j’ai annoncé il y a trois ans que je prendrai ma retraite à la fin du mois de mars 2017. Ces derniers mois j’ai fait le tour de toutes les unités de Griffith Foods dans le monde pour dire au revoir.
Je suis né au Maroc, j’y ai vécu seize ans. Cela m’a beaucoup marqué et explique certainement ma passion pour les cultures différentes. Lors de ces dix-sept dernières années en tant que président mondial du groupe, j’ai eu l’opportunité d’aller sur tous les continents, à la rencontre de ces cultures.
Je suis le second d’une fratrie de cinq enfants et un homme très attaché aux valeurs de la famille. D’ailleurs, quand on s’inquiète de ce que je vais faire à la retraite, je dis toujours que je serai le président de la famille – la seule différence c’est que j’aurai comme chairman ma femme, Isabelle.
Je suis sportif. A mon retour du Maroc j’ai pratiqué le sport au niveau national en demi-fond et j’aurais volontiers choisi cette voie. L’entraîneur de l’équipe de France m’avait alors demandé de choisir entre le sport et les études. J’avais opté pour le sport mais mon père, lui, pour les études. Je reste cependant un passionné de sport. Il m’a à la fois beaucoup donné et appris, notamment le respect de l’autre et apprendre à perdre en sachant tirer profit de ses défaites. Ensuite, j’ai eu la chance de rencontrer Isabelle que j’ai connu enfant. Nous étions voisins de vacances (ma mère était une amie de son père). Dans un petit village de France deux familles ont donc fini par se rejoindre. Nous avons depuis tout partagé et je ne vous étonnerai pas en vous disant que mes premiers poèmes lui sont dédiés.
- Effectivement il y a dans ce recueil plusieurs poèmes sur la famille, notamment sur Isabelle…
Pour revenir à mon parcours, je suis ingénieur agronome avec ensuite un master en business. J’ai fait ma carrière dans deux groupes : le groupe CLIN-Midy industrie (qui était le premier laboratoire pharmaceutique privé en France), puis chez Griffith où je suis rentré en 1996 après la mort accidentelle de Philippe Midy. Comme j’étais proche de la famille Midy, j’ai tout d’abord essayé de maintenir la société en tant qu’entreprise privée. Ils ont finalement décidé de vendre et j’ai donc rejoint les laboratoires Griffith à l’époque. J’ai eu la fonction de président Europe pendant trois ans, puis, à ma plus grande surprise on m’a ensuite proposé de devenir le président du groupe et de venir m’établir à Chicago.
- Cela représente combien d’années de carrière dans ce groupe ?
Dix-sept ans de présidence du groupe, soit beaucoup de voyages et environ soixante à soixante-dix heures de vol par mois. Vous comprendrez que j’ai voulu mettre un terme à tout cela et consacrer plus de temps aux autres.
Je suis aussi, comme vous le mentionniez, président de l’Alliance Française de Chicago, ce qui est avant tout un plaisir car ce n’est pas le président qui fait l’Alliance mais les personnes qui y travaillent. J’essaie seulement d’apporter une discipline financière et aussi de soutenir les employés dans leur démarche.
Enfin, depuis douze ans je suis le président des conseils du commerce extérieur de France dans le Midwest.
J’ai eu beaucoup de chance dans ma vie ; c’est pourquoi je me dévoue à ces organisations, car il faut savoir rendre aux autres.
En dehors de mon travail et d’Isabelle, ce qui compte pour moi ce sont mes trois enfants : Noémie, qui est mariée, vit au Maroc et a deux petites filles : Mathilde et Charlotte, ainsi que mes fils, Gaétan et Hubert, tous les deux mariés à des Américaines et avec chacun deux enfants : Isabelle Alice, Caroline et enfin le tout dernier né Patrick.
- Cela fait donc six petits enfants?
Oui, c’est cela. Cinq petites-filles et un petit-garçon.
- Merci pour cette introduction détaillée, j’ai une question qui me brûle les lèvres en vous entendant et aussi après lecture de votre recueil. Elle est tirée d’un de vos poèmes « Casino et Trafalgar ».
Hervé de la Vauvre, « La vie est-elle un jeu de hasard ? »
C’est une bonne question. La vie est faite de chance et j’ai l’humilité de reconnaître qu’elle a joué un rôle important dans ma vie. La chance commence par les gènes tout d’abord, puis celle de naître dans une famille donnée et dans un pays particulier, enfin la chance des rencontres: dans mon cas avec Isabelle et deux personnes exceptionnelles : Philippe Midy et Dean Griffith – deux hommes qui avaient de grandes valeurs humaines.
Donc la chance est importante comme le hasard mais elle n’est pas suffisante. Il faut travailler. Le travail est la raison essentielle de la réussite et c’est vrai dans tous les domaines.
Lorsque vous présidez un groupe vous présidez d’abord des hommes et des femmes qui exigent beaucoup de temps de votre part. Il faut prendre le temps de les comprendre. Je me suis donc investi, énormément. Et lorsque ces dernières semaines je suis passé dire au revoir à tous mes collaborateurs, ma plus grande satisfaction a été d’entendre que j’avais été à la fois un homme exigeant et un humaniste – car c’est effectivement ce que j’ai souhaité être dans ma vie.
Et on ressent bien le côté humaniste de vos poèmes, l’importance donnée aux valeurs humaines. Au tout début du recueil vous apportez votre vision de la poésie : « La poésie met en musique les mots pour adoucir ou affermir l’expression de la pensée et des sentiments ». On retrouve là encore cette idée de rigueur alliée à la douceur.
Pendant vingt ans, vous avez donc été un chef d’entreprise, présent, exigeant, et en parallèle vous avez écrit. Votre écriture aurait pu vous amener vers d’autres genres, par exemple des romans mais vous avez fait essentiellement le choix de la poésie.
Pourquoi la poésie et qu’est-ce que la poésie pour vous?
Je suis né dans la poésie, comme le montre déjà mon faire-part de naissance. Mon père écrivait divinement bien ; il maniait le verbe avec dextérité, avec une grande sensibilité et ma mère déclamait, les poèmes de mon père bien sûr mais aussi les vers appris étant jeune.
Au Maroc, on avait la chance de temps en temps d’avoir la Comédie Française, et nous allions au théâtre. A quinze ans j’ai appris par cœur Le Misanthrope et Horace. D’ailleurs lorsque la Comédie Française est venue à Chicago pour jouer Le Misanthrope, je me souviens avoir déclamé à la réunion du conseil d’administration de l’Alliance: « Qu’est-ce donc? Qu’avez-vous ? Laissez-moi, je vous prie. Mais, encore, dites moi, quelle bizarrerie… Laissez-moi là, vous dis-je et courez vous cacher. Mais on entend, au moins, les gens sans se fâcher. Moi, je veux me cacher, et ne veux point entendre. » Ce sont les premiers vers du Misanthrope….Il me reste encore quelques tirades.
Ce que j’aimais dans la poésie par rapport à la prose, c’était la musique des mots. Prévert disait : « La poésie, c’est le plus beau surnom qu’on donne à la vie ». Je le rejoins dans cette idée, et j’aime la vie. Mais cet amour n’est pas exclusif, je travaille actuellement sur un livre d’art qui s’intitulera Casablanca, ville Art Déco. En fait, j’aime le beau, j’aime l’art en général. Isabelle et moi, nous collectionnons des dessins, des peintures et des meubles. J’estime que la poésie incarne la beauté. Elle est sans doute à la prose ce que le dessin est à la peinture – la forme la plus aboutie du dire et de l’écrit, parfois au détriment de la spontanéité d’ailleurs. Je crois être aussi un amoureux de l’harmonie au sens large, celle de la famille, celle qui existe entre les gens et les équipes avec lesquels j’ai travaillés. La poésie ajoute à l’expression des mots, elle est harmonie. Cependant, je ne me considère pas comme un poète, j’écris juste des poèmes pour ceux que j’aime.
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