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FESTIVAL LUMIERE A LYON. Martin Scorsese reçoit le prix Lumière et rend un hommage intime au cinéma
Le réalisateur américain Martin Scorsese, l’un des cinéastes phare du Nouvel Hollywood et cinéphile militant, s’est vu décerner vendredi soir à Lyon le septième Prix Lumière, qui récompense depuis 2009 pour l’ensemble de son oeuvre, une personnalité du cinéma, art à qui il a rendu un vibrant hommage.
«Je ne sais pas si je vais survivre à ça mais c’est très émouvant d’être là ce soir», a déclaré le réalisateur new-yorkais à qui l’actrice mexicaine, Salma Hayek a remis le prix.
Dans un discours où il a mêlé érudition, souvenirs cinématographiques et réminiscences familiales, M. Scorsese a rendu un vibrant hommage au pouvoir du cinéma avant que le public ne chante la chanson du film éponyme «New York New York» en son hommage.
«J’ai fait l’expérience de la puissance du cinéma très tôt. J’étais un enfant asthmatique et mes parents ne savaient pas quoi faire de moi donc ils me trainaient au cinéma avec eux. Et j’ai pu voir au cinéma toutes les émotions (…) C’est toujours à cela que me renvoie le cinéma, c’est cette étincelle, cette proximité avec ma famille. Ce n’est peut-être que cela que j’ai cherché en faisant du cinéma», a confessé le réalisateur de 72 ans qui a gardé son légendaire débit mitraillette.
«C’est très émouvant d’être là où tout a commencé», a dit M. Scorsese qui s’est également livré à un plaidoyer pour la conservation et la transmission des oeuvres cinématographiques.
Palme d’or à Cannes en 1976 pour «Taxi Driver», il a été l’un des jeunes cinéastes ambitieux qui à l’orée des années 1970, a révolutionné le cinéma américain durant ce que les critiques ont appelé le Nouvel Hollywood.
Au cours de cette période faste d’un point de vue cinématographique, Scorsese a réalisé plusieurs films devenus cultes comme Mean Streets, Taxi Driver ou Raging Bull. Il a enchaîné au cours des décennies suivantes de nombreux succès auprès des critiques comme du box-office à l’instar des Affranchis ou Casino.
Dans une lettre lue par Thierry Frémaux et l’acteur François Cluzet, le cinéaste et président de l’Institut Lumière Bertrand Tavernier absent vendredi a rendu hommage au «Kurozawa de la 42e rue».
«La passion de Martin Scorsese pour l’histoire du cinéma et l’énergie qu’il y consacre font de lui l’invité idéal pour le festival Lumière. Quand on l’a créé, en 2009, il m’a dit « Ce festival est pour moi ! »», a raconté Thierry Frémaux, directeur de l’Institut Lumière de Lyon et organisateur du festival, qui se déroulera jusqu’à dimanche.
Scorsese a créé en 1990 la Film Foundation aux Etats-Unis et en 2007 la World Cinema Foundation, devenue le World Cinema Project, destinée à financer la restauration de films venus d’Asie, d’Amérique Latine, d’Europe de l’est ou d’Afrique.
Martin Scorsese succède à Pedro Almodovar primé l’an dernier.
Martin Scorsese célébré par la Cinémathèque française
Jusqu’au 14 février 2016, la Cinémathèque française rend hommage à Martin Scorsese, réalisateur qui continue de marquer le cinéma de son empreinte. Une expo qui vaut le coup d’œil.
Que reste-il encore à dire sur Martin Scorsese ? Ne sait-on pas déjà tout de ce cinéaste légendaire dont tous les films ont marqué les esprits ? Hé bien non. Il nous reste encore des choses à apprendre, à découvrir et à admirer. Et une partie d’entre elles se trouve en ce moment même à la Cinémathèque française.
Ce lieu hautement cinéphile connu des réalisateurs du monde entier accueille, jusqu’au 14 février prochain, une exposition consacrée à Martin Scorsese. Passé avant par Berlin, l’événement s’exporte chez nous pour notre plus grand plaisir.
Dès notre entrée dans la salle d’introduction, on est directement plongé dans l’univers du maître. Quatre grands écrans diffusent tour à tour des scènes de Mean Streets, La Dernière tentation du Christ ou encore La Couleur de l’argent. Impossible de détourner le regard devant ces extraits qui nous happent et nous rappellent ces moment où l’on a découvert ces œuvres si singulières.
Une histoire de famille
Cinq grandes thématiques nous attendent ensuite. La première montre à quel point l’histoire familiale de Martin Scorsese a marqué son cinéma. Fils d’émigrés italiens installés dans le quartier de Little Italy, à New York, le futur réalisateur – qui voulait être prêtre – a grandi à Elizabeth Street. Pour mieux comprendre ses origines et parler de la vie de ses parents, il leur consacre un film, Italianamerican, en 1974. Dans ses recherches, il apprend notamment que son nom s’orthographie initialement Scozzese qui signifie “Ecossais”.
En plus des photos familiales, nous avons droit à la vraie table à manger de maman Catherine et papa Charles Scorsese autour de laquelle se sont assis Robert de Niro, Sergio Leone et d’autres membres de l’émergent “Nouvel Hollywood”. La mère de Martin apparaît d’ailleurs souvent dans ses films (Casino, Les Affranchis…) dans le rôle de la chère mama italienne.
La fratrie tient également une place importance dans le cinéma de Scorsese, qui a lui-même un frère aîné. Frères de cœur ou frères de sang, ses personnages sont souvent liés par une histoire commune qui les amène à se protéger entre eux, à parfois se trahir mais à toujours s’aimer. Charlie et John dans Mean Streets, Judas et Jésus dans La Dernière tentation du Christ…
Cette notion de famille est également à comprendre dans son choix des acteurs : Robert de Niro est son premier fils-frère. L’acteur a commencé sa carrière sous l’œil de Scorsese dans Mean Streets et la collaboration a tellement fonctionné qu’elle a duré plus de vingt ans et a été réitérée sur huit films. Le réalisateur a trouvé un nouvel enfant en la personne de Leonardo DiCaprio qu’il a dirigé dans cinq films depuis Gangs of New York en 2002. Et ce duo n’est pas prêt de se séparer puisque les deux amis ont un nouveau projet ensemble.
New York, ville muse
Si sa famille est une source inépuisable d’inspiration, la ville où il a grandi est devenue une véritable muse pour Scorsese. New York est le décor de nombreux de ses films et se taille même une place de choix dans les titres de ses œuvres : Who’s that knocking at my door ?, Taxi Driver, Gangs of New York, New York, New York… Devant sa caméra, la Big Apple a donc été le théâtre d’affrontements sanglants, de folie meurtrière d’un chauffeur de taxi ou de performances musicales jazzy.
Au cours de l’exposition, une maquette permet de découvrir les endroits exacts où on été tournées certaines scènes emblématiques. Le site de la Cinémathèque va également mettre en ligne à la mi-octobre une carte interactive qui permettra de déambuler dans les rues de la Grosse Pomme que les personnages de Scorsese ont foulées.
Et ce n’est pas la hauteur des gratte-ciels new-yorkais que le réalisateur filme mais la ville à hauteur des gens, le côté sombre et nocturne de la mégalopole rongée à certains endroits par la drogue, la violence et la prostitution. Une vision brutale, sans concession mais aussi tendre de l’endroit qu’il affectionne tant.
Hitchcock et la technique
Pour mettre en images ce qui grouille dans sa tête, Martin Scorsese a toujours aimé dessiner. Il prend un point d’honneur à faire lui-même ses storyboards dont certains sont visibles à l’exposition. Pour lui, ces dessins sont essentiels et “montrent comment [il] imagine une scène et la façon dont [il] passe à la prochaine.” Et quand il passe derrière la caméra, sa maîtrise de la technique est forcément irréprochable.
L’un de ceux qui lui ont beaucoup appris, c’est Hitchcock, l’une de ses plus grandes inspirations qu’il continue encore et toujours d’admirer. The Big Shave, le court métrage qu’il a réalisé à la sortie de ses études, est un hommage au maître du suspense. Pendant cinq minutes, on y voit un homme se raser… jusqu’à saigner abondamment. Hématophobes s’abstenir.
Sa passion pour Hitchcock est tellement grande qu’il demande à Saul Bass, célèbre pour ses génériques de La Mort aux trousses, Psychose et tant d’autres, de réaliser celui de Casino. Bernard Herrmann – compositeur du fameux thème de Psychose – acceptera également de signer la musique des Nerfs à vif.
Scorsese est également friand des plans-séquences, en témoigne celui désormais culte qui ouvre Les Affranchis et qui suit Ray Liotta et Lorraine Bracco à leur entrée au club Copacabana. Entouré de directeurs de la photographie comme Michael Ballhaus, le réalisateur amène sa caméra exactement là où il veut qu’elle soit, d’une manière fluide et immersive. Sa fidèle monteuse, Thelma Schoonmaker – qui édite tous ses films depuis Raging Bull en 1980 – l’aide à retranscrire fidèlement ce qu’il veut faire passer à l’écran.
La musique et Scorsese, une grande histoire d’amour
Enfin, on ne peut parler de Scorsese sans évoquer la musique. Si l’atmosphère de ses films est si particulière, c’est notamment grâce à leurs bandes originales. Eric Clapton, Ella Fitzgerald, Ottis Redding, Jeff Beck, Ray Charles ou bien évidemment Les Rolling Stones ont tous contribué à l’ambiance musicale de Mean Streets, Casino, Raging Bull… Ces derniers ont d’ailleurs fait l’objet du documentaire Shine a light dans lequel Scorsese filmait le concert du groupe au New York’s Beacon Theatre.
Bob Dylan fait également partie des artistes que Scorsese affectionne particulièrement puisqu’il lui consacre le film No Direction Home. Liza Minnelli est mise à l’honneur dans la comédie musicale New York, New York où le jazz prime. Plus récemment, dans Shutter Island, le cinéaste a pour la première fois utilisé de la musique contemporaine – signée entre autres par Krzysztof Penderecki – pour plonger le spectateur plus facilement sur cette île glaçante remplie de mystères.
Cinéphile exacerbé, amoureux de sa famille, de sa ville et de ses acteurs, technicien irréprochable, friand de musique, Scorsese est tout ça à la fois et bien plus. Son cinéma a marqué plusieurs générations et continue aujourd’hui de fasciner les spectateurs et les critiques du monde entier. Il était plus que temps que la Cinémathèque française lui rende hommage.
Et l’exposition n’est pas le seul événement que propose le lieu. Tous les films de Scorsese seront projetés durant les mois d’octobre et novembre et des conférences se dérouleront autour de son cinéma qui, sans aucun doute, nourrira éternellement les discussions. Pour découvrir le programme complet, c’est par ici.
Liens : http://www.konbini.com/fr/entertainment-2/cinematheque-expo-martin-scorsese/
http://www.20minutes.fr/cinema/1708219-20151014-expos-projections-succombez-fievre-martin-scorsese
Martin Scorsese en Gare de Lyon
A l’occasion de la rétrospective dédiée à Martin Scorsese qui aura lieu à la Cinémathèque française à partir du 14 octobre, la gare de Lyon ouvre une exposition de photos exclusives prises lors de ses tournages. Brigitte Lacombe, photographe française installée aux Etats-Unis et amie de longue date du réalisateur a réalisé cette exposition. Cinéphiles et curieux peuvent découvrir le making of de plusieurs de ses films. De Gang of New York à Hugo Cabret en passant par Shutter Island, SNCF Gares et Connexions invite ainsi voyageurs et passants sur les plateaux de tournage du « Maestro » jusqu’à mi-janvier 2016.
http://www.sncf.com/fr/Presse/Article/scorsese-expo-garedelyon078677